Il y a longtemps que je n'ai pas assisté à une prise de bec autant prévisible. Du genre de celle dont on dit: "Non ! Il ne va pas lui dire ça à lui !
C'était à CKAC dans la nouvelle émission de Jacques Fabi qui a animé les ligne ouvertes de nuit durant des décénies et anime maintenant une émission de jour. On connait donc très bien qui est l'homme Fabi. Avec son humour voilé, sa voix grave et ses opinions tranchantes, il ne se laisse jamais intimidé. Le genre d'homme qui, seul en studio et il le disait, osa parler contre les Motards criminalisés, à l'époque ou nul n'osait dire mot. On sait aussi que vu ses heures de travail, il ne connaissait pas beaucoup les dadas du Docteur Pierre Mailloux, pouvant rarement l'écouter aux heures où il dormait.
Alors donc, M. Jacques Fabi reçois un appel d'un homme qui se dit efféminé parce que sa mère lui a bouffé les couilles, dans les termes exacts qu'utilise Mailloux. Et l'intervenant continue sur sa lancée, se plaignant, se victimisant du fait que la société l'empêchait d'être un homme et ...
Et Fabi qui lui-même, n'a jamais eu de doute sur son propre sexe masculin, lui tombe dessus à-bras- raccourcis, ce qui était à prévoir. Il ne comprend absolument rien à cette féminisation dont son interlocuteur parle et qu'on pourrait imposer, Fabi commence à s'irriter contre celui-ci et puis, se met à rétorquer que lui, personne n'aurait pu lui bouffer les couilles et qu'un homme, un vrai, ne s'abaisserait jamais à amener de tels propos en ondes. (Au diable Mailloux dont il ne sait rien).
L'autre continue de se plaindre. Fabi se fâche comme si on l'attaquait personellement, autant qu'il se serait fâché contre quelqu'un qui aurait plaint les animateurs de lignes ouvertes. Comme si on l'attaquait lui-même dans toute sa virilité dont il n'avait aucun doute.
C'était pas beau...
Mais tout cela était si prévisible...
Une vraie "mécanique plaquée sur du vivant" comme aurait dit Bergson.
L'auditeur suivant qui appela Fabi à la suite de l'autre, riait encore du phénomène auquel il venait d'assisté, malgré que le sujet qu'il apportait soit très grave et très sérieux. Seuls, les deux antagosistes (aux antipodes) n'ont pas compris le drôle de cette situation devenue une véritable confrontation.
Cela m'a rappelé un fait: J'avais un frère du type Fabi. Nous étions à la Place des Arts et assistions à un ballet classique pour lequel mon frère avait eu des billets gratuits. Ce frère n'était déjà pas tellement ferru de ce genre de spectacle. Mais il devait rencontrer après, le président de je ne me souviens plus trop quoi, dans les coulisses, sitôt le ballet fini, ce que nous fîmes.
Un danseur arriva, posa sa tête sur la chorégraphe en pleurant. Il avait manqué un pas braillait-il... Mon frère se mis entre eux et moi, comme si cette scène était
la plus indécente à laquelle une fille comme moi aurait pu assister.
Au retour, mon grand frère était fâché à la Fabi contre ce "grand veau" qui était venu pleurer pour si peu sur l'épaule d'une femme.
J'avais beau lui dire que le gars était peut-être beaucoup triste de ça. Rien à faire.
Mon frère jugeait avoir assisté à une scène navrante et l'attitude du "ballerin" comme il disait, avait flétri, devant un témoin féminin, toute la noblesse qu'il y avait pour mon frère, à être un homme. De ça aussi, je ris encore aujourd'hui, rien qu'à en rappeler le souvenir.
Et je pense: Mailloux, lui, accepterait-il de dire qu'il a été féminisé et que sa mère lui a bouffé les couilles. Ah ça non, pas lui. Lui, il est un homme, un vrai...